Où est passé l’espoir ? Comment l’exercer ?

Je me retrouve face à une difficulté avec moi-même tout d’abord, et aussi avec les autres. Comment remonter le moral pour sortir du marasme, ne pas rester prostré dans le désespoir ?

« Le grand malheur de cette société moderne, sa malédiction, c’est qu’elle s’organise visiblement pour se passer d’espérance comme d’amour ; elle s’imagine y suppléer par la technique, elle attend que ses économistes et ses législateurs lui apportent la double formule d’une justice sans amour et d’une sécurité sans espérance. »

Georges Bernanos, conférence 1945

Mais où est donc passé l’espoir ? A la dérive ? Je le cherche autour de moi et les paroles me pleurent que tout va mal ? Ce n’est pas la forme ! Comme cette phrase de Bernanos ci-dessus, j’observe que de l’espoir il n’y en a plus, noyé dans les décisions politiques, dispositions sanitaires, conséquences économiques pour régir la société. Constat d’un chacun sur ses propres difficultés, et amer dégoût.

Espoir : « attente d’une situation meilleure à celle existante ».

Comment se projeter ? Le point sensible est là, si on ne voit pas se profiler de situation meilleure, quel espoir peut-on avoir lors d’un naufrage ? Se raccrocher à un bout de bois ? En situation de désespoir, on se noie, et il est difficile de discerner le quelque chose d’inattendu qui pourrait nous sauver, on ne prête plus attention aux autres car on est centré sur soi-même, obnubilé,…

Avoir de l’espoir, c’est garder le regard au loin sur la lumière au fond du tunnel, savoir que la tempête passe, que le soleil brille au-dessus des nuages.

Parce qu’on a pas de prise sur les éléments, la sensation de ne pouvoir agir, s’en sortir, et qu’on finit par lâcher, accepter le malheur comme définitif.

Nous sommes dans un sombre contexte de pandémie, cataclysme sur lequel on n’a aucune prise, aucun contrôle. Les facteurs sont hors de la portée individuelle (propagation du virus, accès à un vaccin, règles sociales couvre-feu et confinement).

L’espoir fleurte avec l’avenir, le possible, et là, c’est le flou. Il semble illusoire de s’accrocher à l’espoir de jours meilleurs. 

Je me retrouve perplexe : donner de l’espoir à un cas désespéré, c’est inconvenant. Espérer se fait en dépit du bon sens. Ce qu’on voit – le malheur – est bien réel, puisque nous sommes dedans, par contre l’espoir peut être considéré comme illusoire.

Du point de vue scientifique, si on comptait les pourcentages de chance, par exemple pour un naufragé sur une île déserte de se faire repérer par un navire au loin, les probabilités sont très faibles.

Pour les Grecs anciens l’espoir était pour les rêveurs, ceux qui étaient incapable de construire des projets. Avoir de l’espoir, c’est irrationnel. Je retrouve le sens de la citation du tout début dans ce mode de pensée. Aujourd’hui, le rationnel est cultivé. Ceux qui sont rationnels prennent leur destin en main concrètement par l’action.

L’espoir repose sur une confiance incitant à agir, alors que le désespoir renvoie au pessimisme et à la non-action.

Dans un contexte de confinement, on peut se sentir réduit à la non-action, assigné à demeure. Avec en sus, depuis la notion de contagion, une demande de distanciation sociale physique. Le désespoir a donc de quoi se nourrir, car l’acte de se couper du monde, « se faire ermite » est extrêmement difficile et demande du courage. S’isoler n’est pas naturel pour l’homme. Cela dépend des tempéraments, certains y sont plus enclins que d’autres. Mais l’homme est un être social, il se nourrit de ses relations à l’autre, et à son environnement. Pour se nourrir, il sort chasser. Pour se défendre, il s’allie aux autres.

La première piste que je vais suggérer va donc être, comme les grecs, nous pouvons avoir un plan : installer des routines bonnes pour la santé physique et morale : moments de méditation, sport et discussions avec famille et amis, cuisiner.

Oui, cette première attitude, se réfugier dans la routine, l’automatisme, s’accrocher à un bout de bois, c’est finalement s’empêcher de penser ! Essayer que les pensées ne se fixent pas sur tous les éléments négatifs, patienter, se laisser balloter, permet de laisser passer la tempête.

Est-ce que l’espoir, on l’a ou on l’a pas, comme être optimiste ou pessimiste ? L’espoir, est-ce possible de l’exercer, le cultiver sans passer pour un rêveur du monde des bisounours ?

C’est important, l’espoir. Dans l’éducation chrétienne, c’est l’une des sept vertus (foi, espérance, charité, prudence, tempérance, force et justice). D’autre part le Bouddhisme, donne aussi à l’espoir une large place « il y a toujours mille soleils à l’envers des nuages » et éclaire par la notion que tout est interdépendant.

Ma deuxième piste est donc de prendre conscience de l’impermanence, du mouvement, de l’alternance. Du yin et du yang, que l’ombre révèle la lumière.

Le cerveau se retrouve devant le dilemme entre 2 possibilités noir/blanc, avec la partie positive réduite comme une peau de chagrin. Mais elle est pourtant là, existante. Il faut alors affuter le regard pour voir que chaque ombre ne peut exister que parce qu’un rayon lumineux la dessine.

Spinoza pose ainsi l’équation : « la peur ne peut se passer de l’espoir, et l’espoir de la peur ».

Comment cultiver l’espoir, lorsque le désespoir s’installe, et qu’on se sent glisser avec celui-ci ? On peut accepter ce mouvement. Quand le moral n’est pas là, sentir le besoin de ralentir et en accompagner le mouvement, non en luttant mais en y prenant part. Accepter que l’obscurité se fasse, faire confiance dans l’alternance jour nuit, des saisons, le rythme actif non actif, et laisser le corps s’adapter. Le corps s’adapte. Dans le noir, la pupille se dilate. Dans l’obscurité, on va pouvoir distinguer de plus infimes nuances de lumières. Dans le silence, naissent les subtilités des sons infimes… Dans le rien, il y a toujours et encore quelques poussières de chose.

En méditation, nous expérimentons physiologiquement cette alternance, ce mouvement d’adaptation… Observation des infimes mouvements de vie en soi et autour de soi. Voilà une parfaite mise en pratique du dicton français « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Observons la vie pour se donner de l’espoir.

La 3eme piste que je vous propose de méditer est que l’espoir ne demande rien, il ne coute rien, juste une orientation de l’esprit, une confiance en soi, en l’harmonie, un horizon qui s’ouvre.

Quand je suspends ma respiration, je m’aperçois que je respire.

Quand on se place en position méditative, on exerce cette faculté d’espoir de distinguer encore et encore les infimes colorations et subtilités… de l’expression de la vie.

Lorsque tout tourne mal, il nous reste l’espérance. Disons que le des-espoir montre l’espoir.

Charles Messager nous murmure ces mots :

 « Sans espoir de rien, voguer la vie,
Cela vaut la peine tout de même,
A cause d’instants ensoleillés
Qu’il faut vraiment bien sentir passer.
T’apercevrais-tu que tu es heureux
Si ton bonheur durait plus d’une heure. »

L’humain ne peut se targuer d’être parfaitement rationnel, et il n’a jamais la maîtrise de tout ce qui l’entoure.

Alors quelle est la recette de l’espoir ? Ignorer la réalité et nous bercer d’illusions en attendant que tout s’arrange ?

Non, « espérer c’est se donner un horizon » (dit Else Boer dans De Standaard )

Je vous propose de méditer quelques minutes sur l’image de l’horizon, sentir, devant vous, le chemin infini devant soi avec tous ses possibles, vous pouvez vous relier à votre respiration, ou à l’image…

Comment vivre, soi, simplement, et aussi au vu de notre relation de vivre avec les autres, l’environnement, en constat de ce qui nous contrarie, nous « empêche de vivre » ? En prenant conscience de ce qui entrave notre capacité à « être heureux »… Il ne s’agit donc pas de nier les malaises, dysfonctionnements, mais bien de faire avec, avec nos capacités limitées, ne pas voir que ça, et se porter, agir vers un horizon.

Oui, nous pouvons cultiver l’espoir. Espérer, est un risque que nous pouvons prendre. Espérer est ne pas tomber dans l’inaction, et c’est se transformer et transformer ce qui nous entoure.

Et, pour finir, je vous propose les mots de Vaclav Havel

 « L’ Espoir est un état d’esprit (…) C’est une orientation de l’esprit et du coeur (…) Ce n’est pas la conviction qu’une chose aura une issue favorable, mais la certitude que cette chose a une sens, quoi qu’il advienne. »

Et le sens, « je » le donne. En mon libre arbitre.

J’espère que vous sentirez maintenant comme moi ce courant d’énergie formé de confiance et d’espoir.

Méditation pour pratiquer l’espoir, le cultiver :

Vous pouvez charger cette méditation sur votre smartphone ou ordinateur pour l’écouter quand vous voulez ! Cliquez sur les 3 petits points à droite du haut parleur sur la barre de commande du podcast.

Pour pratiquer tous les matins l’espoir : méditations matinales – morning meditations.

Sources d’inspiration :

Image par Pexels de Pixabay 

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