Qu’est-ce que j’attends de mes vacances ? Du bon temps pour vivre à mon rythme, des échanges avec ceux que j’aime, des apéros, du rire, de l’étonnement et de quoi nourrir ma curiosité, un peu d’exercice (pour ne pas dire sport), et de beaux paysages…
Seul, à deux, en famille ou avec des amis. Le temps des vacances est propice pour, enfin, prendre le temps de se retrouver. Il n’est pas besoin de se payer des vacances au bout du monde pour se déconnecter et se ressourcer. Seule, la manière de se mettre « en vacances » importe. La technique est portative, peu importe le lieu, le moment. Bien sûr, vous pourrez en tirer un profit quasi extatique en vous mettant face un superbe paysage (le désert, les lagons, les panoramas de montagne, près d’un arbre remarquable, etc…), mais vous pourrez aussi pratiquer n’importe où… Pour certains, la ville peut aussi être le cadre de la méditation. Il « suffit » de se mettre en disposition.
L’idée et l’art de cette méditation est de partir sur un socle d’observation, le plus descriptif possible, dans une attitude d’acceptation et de non jugement, et de par l’ouverture, la possibilité d’explorer plus et encore, la mise en conscience construit tellement de « chemins », que naît l’émerveillement. Il ne s’agit pas de voir une fleur et de se dire « oh, une fleur », et de se donner l’intention de la voir « belle », mais plutôt, « oh, une fleur… j’entre dans la perception de cette fleur … cette fleur laisse émerger en moi… », comme une boule de neige va se transformer en bonhomme de neige parce qu’on la roule peu à peu dans la neige, …
Regarder, goûter, sentir, écouter, et de par cette expérience, … … laisser émerger… …
Le cadre de la nature rend encore plus propice cette méditation, qui s’en voit facilitée, boostée même, et permet d’exercer et d’entraîner l’aptitude à la « pleine conscience ».
Je vous propose d’utiliser la technique de la méditation, avec un balayage des 5 sens, afin de captiver l’attention par tous les canaux de perception.
Mais tout d’abord, choisissez un lieu qui vous inspire, et le moment propice.
Pour se rendre disponible à soi-même, il faut en créer les conditions :
• Couper les téléphones et autres.
• Prendre une posture sans tension mais suffisamment tonique pour rester éveillé (on n’est pas dans le but de se relaxer mais de rester éveillé mentalement, le corps au repos).
• Se recentrer sur soi-même par la respiration… La respiration abdominale est indiquée, simplement se sentir respirer est déjà pas mal…
Et plutôt que de continuer en se focalisant sur ses ressentis intérieur et sur ses pensées, cette méditation des 5 sens propose au contraire de s’ouvrir sur l’extérieur…
Maintien de l’attention par les 5 sens
• par le sens de la vue : la première étape est de regarder autour de soi, de saisir le moindre détail, en essayant de revenir à une description la plus basique possible de sa perception. C’est un « je vois ceci ou cela » avant même de « reconnaître » et nommer, une perception de la couleur, du mouvement, de la matière, de la forme… Imaginez qu’un extra-terrestre aveugle est assis à côté de vous, et que vous devez décrire ce que vous voyez…Bien sûr qu’on ne peut s’empêcher de penser « fleur » caillou » et autres, mais à chaque fois que vous vous apercevez que vous avez mis une « étiquette », creusez un peu plus, décrivez, distinguez, pour essayer de sortir du nom étiquette et revenir à une description « neutre » de ce que vous voyez. Comptez, cherchez toutes les subtilités. Vous ne pourrez suivre chaque embranchement de votre pensée mais laissez-vous porter par les rebonds… Loin d’être une rêvasserie, la conscience avec laquelle vous suivez attentivement le dépouillement du tableau visuel qui s’offre à vous, la concentration que vous saurez garder sur tous les détails apporteront la qualité de votre méditation, la richesse de votre pratique.
L’énumération, la quantité de détails peut peu à peu faire émerger la curiosité, éveiller, émerveiller. Les informations de la multitude, la complexité, induisent à la sérénité et à la beauté, rien que parce que cela EST.
… la multitude de ces petites fleurs de cette prairie m’émeut par le caractère de chacune et leur ensemble…
• par les odeurs : qu’est-ce que votre nez sent, là, maintenant ? Et si le côté agréable et désagréable vous vient à l’esprit, saisissez-en l’opportunité pour l’observer, simplement… il faut aussi surfer avec ses pensées automatiques qui tombent dans l’écueil du « j’aime pas ». Oups, on en ressort vite dès qu’on les détecte pour revenir vers une piste neutre ou positive. 0n se doute que l’intérêt de l’exercice n’est pas un bras de fer avec des désagréments, alors, si vous avez bien choisi votre endroit de méditation, il devrait en émerger tout de même l’agréable sensation de découvrir ce que vous laissiez en arrière-plan inconscient, cad toutes les odeurs qui vous entourent, l’odeur de la nature et de ses précieux nectars, l’odeur de l’écume des vagues…
• par le goût : de ce que vous voyez, vous trouverez forcément un lien vers le goût, soit directement en cueillant une tige verte d’herbe et la goûtant, ou en pensée, le goût du sel sur la langue, les différents goûts de l’eau…
• par le toucher : à portée de main que pouvez-vous attraper, sentir, palper ? Votre main, observatrice de la texture, donnant l’information par vos capteurs sensitifs de la rugosité ou douceur ou autre… peut elle aussi s’orienter dans l’intentionnalité de la bienveillance par une palpation douce et délicate comme une caresse…
… je sens la feuille, sa rugosité, petits poils, la fine épaisseur, le bout en pointe…
• par l’ouïe : qu’entendez-vous ? Tel un grand orchestre, tous les sons parviennent à vos oreilles, comme une fantastique symphonie. Difficile là aussi de ne pas en nommer les émetteurs, mais laissez-vous peu à peu porter par une description de leur musicalité, la fréquence (aigu, grave), l’amplitude (fort, faible), la façon dont il remplit l’espace (continu, sporadique) et peu à peu un vocabulaire relatif aux autres sens décrira les sons, comme un tableau. Même le moteur pétaradant d’un bateau apportera sa musicalité à la quiétude et devient un élément dans la vaste composition temporelle qui l’englobe, sans jugement, là, tout simplement là…
… J’entends les abeilles, les oiseaux là et là, la rumeur des vagues rythmique, régulière et toujours différente, et de la mousse… J’entends le flux d’air dans les herbes, … et même la fleur s’éclore et s’épanouir lentement…
Ne vous étonnez pas, après votre méditation solitaire, que les autres portent un regard amusé sur votre petit sourire de bienheureux…
Vous venez sans doute d’approcher, simplement par le catalogue de vos perceptions, à la magie de l’être.
Tous ces petits riens, qu’il suffit de cueillir… par un peu d’attention…
Image : Forêt, Camille Chenal.