Aujourd’hui particulièrement, il faut penser à nos enfants. Qu’ont-ils entendu et vu ces derniers jours ? Parlez-en, c’est important. Mais point trop n’en faut.
Expliquer pour éviter la confusion et ne pas ajouter à la panique. Permettre à l’enfant de mettre ses mots sur l’évènement et d’exprimer son ressenti.
Rassurer
Gardez les enfants avant 10 ans à distance des chaînes d’information en continu ou du JT. Les images ont un impact plus fort que les mots sur le psychisme.
Bannir les « n’aie pas peur ! » ne dites pas qu’on ne craint rien, on ne sait jamais ce qu’il peut arriver. Rester rationnel : le risque est bien plus grand de se casser le bras, se faire renverser par une voiture en allant à pieds à l’école que de se retrouver dans un attentat. Les mots pour rassurer : l’enfant n’est pas directement touché, les mesures de protection sont renforcées, l’État et la police sont mobilisés, il faut leur faire confiance, c’est leur job. Comment vont nos proches parents et nos amis ? D’abord se rassurer sur nos liens.
L’enfant n’aura peur que s’il ressent de la peur autour de lui. C’est du côté des parents qu’il y a une forme de sérénité à atteindre. Le petit enfant se fiche pas mal de ce qui est loin de son environnement, de ce qui n’est pas immédiat…
Jean-Luc Aubert, psychologue, spécialiste de l’enfant et de l’adolescent, donne des pistes aux parents sur la manière d’aborder la question en famille. Propos recueillis par Mattea Battaglia. Attentats à Paris : comment en parler aux enfants ? Le Monde.fr | 14.11.2015 à 17h14 • Mis à jour le 14.11.2015 à 19h00 | les enfants ont été touchés par les attentats de vendredi soir.
Expliquer
Il faut s’efforcer d’en parler, pour mettre l’horreur à distance, de façon simple, cela ne sert à rien d’essayer de tout lui expliquer, ni édulcorer la vérité. Le message qui sera reçu de l’enfant sera comment l’adulte, par ses mots, son attitude, ses gestes non-conscients, gère lui-même sa propre panique.
Ce qui est important, c’est de recueillir le ressenti direct de l’enfant et de répondre à ses questions sans les devancer.
Prendre du recul. Les actes barbares ne sont pas nouveaux dans l’histoire de l’humanité. Ce sont particulièrement eux qui gravent les grandes dates de l’histoire.
Expliquer l’émotion universelle de la colère, de la peur.
Chacun ressent des colères, des peurs, et il est important d’apprendre à les gérer…
La colère ? Elle sert à défendre son territoire et donc ses valeurs. Les sentiments correspondent à ce que l’on ressent, à ce qui se passe « à l’intérieur » par l’émotion (la tête qui bout, les jambes qui flageolent, le cœur qui bat vite…). Ainsi, toute personne a le droit d’être fâchée, d’éprouver des sentiments hostiles à l’égard d’autrui, de se sentir en colère à l’intérieur. Mais toutes les manières d’exprimer la colère ne sont pas acceptables. Cette règle est valable pour tous, enfants et adultes.
La peur ? Elle permet à l’individu de s’adapter et de survivre dans son environnement.
La terreur ? Personne ou chose qui inspire une grande peur, qui effraie. Pour l’individu, c’est l’état de peur extrême, une peur violente qui paralyse, c’est aussi la peur collective qu’on fait régner dans une population pour briser sa résistance.
Il est normal de se sentir fatigué. Un temps est nécessaire de digestion, de repli sur soi et avec ses très proches, pour se ressourcer.
Continuer à vivre normalement, passer à des émotions positives
La peur du terrorisme est en chacun de nous. Les parents doivent au maximum essayer de ne pas transmettre leurs propres angoisses. La force, c’est de ne pas obéir à la peur. Le courage est à ceux qui restent au-delà de la violence. Nous pouvons transformer la colère et exprimer notre tristesse et notre soutien. Cela permet d’insister sur la nécessaire compréhension et respect de l’autre. C’est le moment de montrer la confiance dans la force de l’être et la force de la groupéité et de ressentir aussi les émotions positives provoquées par la forte mobilisation et l’énergie de la solidarité. Face à des actes odieux et choquants, le monde entier réagit par tous les moyens qui lui sont possibles. L’expression de la groupéité rassemblée par une valeur commune est quelque chose d’important à vivre.
Les enfants arrivent facilement à « passer à autre chose ». Il est temps, grand temps de cultiver la « bonheur attitude », non pas naïvement en se bouchant les oreilles, mais, en toute conscience, parce qu’elle est LE moyen de faire changer les choses, par la compassion.
Restez cependant attentif les jours prochains à un éventuel changement de comportement de l’enfant, Si l’enfant a du mal à dormir, des cauchemars, une perte d’appétit ou la peur de rester tout seul… Même si vous l’interrogez et que l’enfant ne fait pas le lien avec les évènements, l’expression de la peur peut se diffuser corporellement et inconsciemment. Il sera peut-être important de consulter un psychologue ou un sophrologue pour l’aider à passer le cap.
Ressources : Cahiers pédagogiques : liens vers des ressources pour y réfléchir avant ou avec les enfants.
Eduscol : Savoir accueillir la parole des élèves, Comment organiser le dialogue, Eviter la désinformation, Principes pour aborder une actualité violente, Aborder les principes fondateurs de la République, Médias pour les élèves et Dossiers pédagogiques.
Les dispositifs mis en place par l’État et par la Ville de Paris suite aux attentats, Prise en charge des victimes : la cellule psychologique de la Mairie de Paris est disponible par téléphone au 3975.