Aujourd’hui particulièrement, il faut penser à nos enfants. Qu’ont-ils entendu et vu ces derniers jours ? Parlez-en, c’est important. Mais point trop n’en faut.
Expliquer pour éviter la confusion et ne pas ajouter à la panique. Permettre à l’enfant de mettre ses mots sur l’évènement et d’exprimer son ressenti.
Béatrice Copper-Royer , dans Blog Le Monde a parlé pour moi : Avant hier, je faisais le vœu que nous n’écoutions pas trop nos peurs, pour ne pas en encombrer nos enfants…. Et voilà qu’hier, la peur nous submerge et que nous plongeons dans l’horreur avec l’assassinat de douze personnes au magazine Charlie Hebdo.
Expliquer
Il faut s’efforcer d’expliquer, de façon simple, à ceux qui sont trop grands pour être épargnés et trop petits pour tout saisir, le fanatisme de certains qui tuent au nom de leurs croyances. Un garçon de 9 ans me* disait hier après-midi avec ses mots : « Ils les ont tués parce qu’ils croient qu’ils ont raison et que ils veulent que tout le monde croit comme eux ».[Béatrice Copper-Royer]
Le rire qu’ils nous offraient avait le pouvoir de prolonger notre jeunesse. Par ce rire, nous oublions la guerre, la misère. Maintenant, nous avons peur, en deuil pour ce coup porté à notre chère liberté d’expression. Nous regardons nos enfants, qui ne savent pas qu’ils n’auront jamais la chance de goûter à cet art fragile. Nous n’osons pas penser au barbarisme pour le moment. Nous refusons d’accepter que le paysage médiatique devienne après cela plus uniforme, en France et dans le monde. Moins défiant, Moins critique. L’autocensure peut l’emporter, nous rapprochant un peu plus du meilleur des mondes. Pas celui que nous voulons. » [Ce que les Norvégiens ne savaient pas de Charlie Hebdo, Diane Berbain, Rue89/les blogs]
Les informations ont en général été débattues à l’école. Vous avez ci-dessous quelques liens vers les revues de Play Bac adaptées à chaque âge pour expliquer ce qui s’est passé.
Le conseil de Marcel Rufo : bien distinguer la différence entre les évènements (les faits) et les opinions.
Ce qui est important, maintenant, c’est de recueillir le ressenti direct de l’enfant. Car la cour de récréation ne doit pas être le seul lieu de débat des ressentis des émotions.
Expliquer l’émotion universelle de la colère, parce que ces gens-là ont agi par la colère. Parce qu’on ressent soi aussi de la colère face à « ça ».
Chacun ressent des colères, des peurs, et il est important d’apprendre à les gérer…
« Tu as le droit d’être en colère, d’avoir peur, et c’est ce que tu ressens à l’intérieur de toi. »
La colère ? Elle sert à défendre son territoire et donc ses valeurs. Les sentiments correspondent à ce que l’on ressent, à ce qui se passe « à l’intérieur » par l’émotion (la tête qui bout, les jambes qui flageolent, le cœur qui bat vite…). Ainsi, toute personne a le droit d’être fâchée, d’éprouver des sentiments hostiles à l’égard d’autrui, de se sentir en colère à l’intérieur. Mais toutes les manières d’exprimer la colère ne sont pas acceptables. Cette règle est valable pour tous, enfants et adultes.
La peur ? Elle permet à l’individu de s’adapter et de survivre dans son environnement.
Rassurer
Prendre du recul. Les actes barbares ne sont pas nouveaux dans l’histoire de l’humanité. Ce sont particulièrement eux qui gravent les grandes dates de l’histoire.
Si on regarde le pourcentage de risque d’être touché directement, il est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus faible que de se casser le poignet ou d’avoir un accident de la route.
Les mots pour rassurer : l’enfant n’est pas directement touché, les mesures de protection sont renforcées, l’État et la police sont mobilisés, il faut leur faire confiance, c’est leur job.
Passer à des émotions positives
Nous pouvons exprimer notre tristesse et notre soutien. Cela permet d’insister sur la nécessaire compréhension et respect de l’autre. C’est le moment de montrer la confiance dans la force de l’être et la force de la groupéité et de ressentir aussi les émotions positives provoquées par la forte mobilisation et l’énergie de la solidarité. Face à des actes odieux et choquants, le monde entier réagit par tous les moyens qui lui sont possibles.
La presse et les pouvoirs publics prennent position, dénoncent et agissent, les forces de police nous défendent, les mesures dans les écoles sont renforcées, le public se rassemble, les twits et les messages sur Facebook sont innombrables, à midi partout une énorme méditation a été faite, ce soir il y aura des bougies aux fenêtres, des rassemblements et marches se font… etc. L’expression de la groupéité rassemblée par une valeur commune est quelque chose d’important à vivre.
Les enfants sont plus forts que nous pour « passer à autre chose ». La vie est là, il est temps, grand temps de cultiver la « bonheur attitude », non pas naïvement en se bouchant les oreilles, mais, en toute conscience, parce qu’elle est LE moyen de faire changer les choses.
Mon fils a avoué qu’il avait eu un « coup de pompe » dans l’après-midi, il n’entendait plus rien et avait envie de tomber « dans les pommes ». Cette nuit, ma fille a demandé de dormir avec moi. Son papa a décidé de l’accompagner sur ses trajets maison-école. Elle m’a dit, « Je suis triste mais je veux qu’on parle d’autre chose maintenant ».
Il est normal de se sentir fatigué. Un temps est nécessaire de digestion, de repli sur soi et avec ses très proches, pour se ressourcer.
Illustration Image à la Une : Dessin de Jean Julien.
À lire : en hommage aux victimes de l’attentat à la rédaction de Charlie Hebdo Play Bac met à disposition des numéros en accès gratuit afin d’aider les parents à aborder le sujet avec leurs enfants : Le Petit Quotidien (6-10 ans), Mon Quotidien (10-14 ans), l’actu (14-17 ans), l’echo (15-18 ans).
Unis pour nos libertés : signer la pétition de soutien.